Photothèque

Depuis 1890, les frères dominicains de l’École biblique se transmettent et enrichissent une collection inédite de photographies, parmi lesquelles 25 000 photos anciennes.

Aujourd’hui, le Père Jean-Michel de Tarragon en est le principal responsable et travaille chaque jour à la numérisation de photos centenaires ou à la mise en valeur de ce patrimoine unique à travers des publications et expositions.

L’archivage

La collection du couvent St Étienne et de l’École biblique est conservée dans une grande pièce voûtée, à Jérusalem, où les plaques de verre sont rangées dans leurs boîtes d’origine, aux noms familiers « A. Lumière  & ses fils », « Guilleminot & Boespflug », « J. Jougla », etc., par formats, les étagères du bas supportant les plus lourdes, 18 x 24 cm, et celles du haut, les 9 x 12 cm. Le rangement remonterait à 1950, quand les plaques ont été retirées des chambres particulières pour constituer une photothèque. Un grand meuble en bois a été fait sur mesure. Alors un programme d’archivage a commencé. Les verres ont été rangés dans un même meuble ; deux répertoires manuscrits des négatifs ont constitué un inventaire ; un contactage (si l’on ose ce jargon) systématique d’environ 12.000 documents a été entrepris, mais à l’extérieur. Chaque verre (dont une bonne partie des 2 100 petits stéréoscopiques) a bénéficié vers 1950-51, d’un tirage papier « moderne », par contact – conservant le format d’origine. Ces milliers de positifs papier ont été collés dans 24 albums, suivant l’ordre alphabétique des lieux, en deux séries, Palestine, et Pays voisins. Le religieux qui en prit la peine a légendé à la plume chaque photo. Les légendes doublent celles du gros registre et permettent d’identifier sans peine les clichés collés sur les pages noires des albums. Il inscrivit aussi les références bibliographiques des publications des photos, surtout issues de la Revue biblique. Les vingt-quatre albums sont fréquemment consultés. Trois albums concernent la ville de Jérusalem ; d’autres sont consacrés à ce qui fut les grandes entreprises. La célèbre croisière sur la mer Morte de 1908 a droit à un album spécial, de même que l’expédition au Hedjaz, 1907, 1909, 1910. L’album 24, « Épigraphie », rassemble curieusement des photos d’estampages, classées par langues et selon leur ordre alphabétique : accadien d’abord, arabe, araméen, il s’achève avec le thamoudéen et le vieux-perse. Cet album renvoie une fois de plus à la dimension sérieuse et austère de la collection… Quelques photos collées sont des dons anciens (d’étudiants de l’École, probablement), sans leur négatif verre : légendées, elles ont été numérisées.

Depuis 2010, nous assurons la conservation des plaques de verre dans des enveloppes à quatre rabats, en papier non-acide (au Ph neutre), enveloppes rangées dans des boîtes en carton, également non-acide. Toutefois nous gardons en place l’ancien dispositif et le vieux meuble en bois fait sur mesure avec ses nombreuses boîtes « A. Lumière », etc., est témoin de la photothèque ancienne. À terme, un meuble moderne recevra les verres dans leurs nouvelles boîtes.

La numérisation

À ce jour, nous atteignons le nombre de 19 000 clichés noir et blanc anciens numérisés et 3 000 positifs pour projection, en verre, lesquels doublent la plupart du temps les négatifs.

La numérisation systématique a commencé début 2002 par la partie la plus ancienne du fonds, les plaques de verre. Nous avons été alertés du danger que couraient les innombrables diapositives couleur plus modernes, dont la chimie se détériore plus vite que la gélatine aux sels d’argent des plaques de verre. Nous avons mené en parallèle la numérisation d’environ 30 000 transparents couleurs, provenant essentiellement de nos chantiers archéologiques ou de voyages d’exploration au Proche-Orient, et de dons d’anciens élèves de l’École.

Le plus délicat a été la saisie des plaques de verre. Nous avons suivi le protocole de traitement du laboratoire photographique parisien La Chambre noire.

La saisie des plaques s’est faite d’abord sur scanner Quatto (limité au format A4), puis sur un Epson 10000 XL (jusqu’au A3), qui remplace le Quatto. La lecture est en 48 bits couleur (même pour le noir et blanc), en mode RAW (Brut), TIFF. Les fichiers sont immédiatement convertis en niveaux de gris, 16 bits, RAW toujours, et archivés sous ce mode (CD et disque externe, le tout doublé, soit 4 archivages + 1 jeux de sécurité à Paris). La taille des fichiers est fixée à 12-13 mégas en 16 bits, N & B.

Enfin, le laboratoire La Chambre noire intervient sur les fichiers RAW 16 bits TIFF pour les transformer en TIFF 8 bits travaillés a minima : sans correction des plaques – rayures, etc., mais avec équilibrage fin de la balance et des contrastes, pour les rendre lisibles et utilisables en imprimerie jusqu’au format A4, 300 ppi, TIFF, soit des fichiers de 6,2 mégas en moyenne. Cette version de travail est à son tour archivée en 5 exemplaires (4 à Jérusalem, 1 à Paris).

En mars 2005, la 10.000e plaque de verre était numérisée. En 2010, on atteint 18 000 (pour les noir et blanc) : le gros du fonds des dominicains est numérisé.

Les diapositives couleur sont saisies sur un scanner Nikon Coolscan 9000 ED, suivant la même procédure (16 bits RAW, TIFF). Mais elles sont trop nombreuses (environ 30 000) pour être traitées par le laboratoire parisien, et l’archivage se fait provisoirement sur le mode RAW. Seules les précieuses 90 diapositives couleur des fouilles de Qumrân (mer Morte) ont été retravaillées par le laboratoire parisien.

Les appareils photographiques anciens

La photothèque a eu la chance de conserver la presque totalité du matériel photographique ancien. Nous avons aussi bien les appareils de prise de vue que leurs accessoires : sacoches de transport, magasins de plaques de verre, trépieds en bois, objectifs démontables (grands angulaires notamment), etc. – le tout en bon état. Les chambres photographiques, en acajou et soufflet de cuir, sont dans les formats 18 x 24 cm ou 9 x 12 cm. De même, nous possédons deux gros projecteurs contemporains des 4000 positifs en verre, ancêtres des diapositives. Ils fonctionnaient d’abord au gaz acétylène, avant d’être électrifiés sous 110 volts. Deux épidiascopes, l’un en beau bois et l’autre en métal noir, projetaient plans ou cartes postales. Les différents passes-vues en bois sont là, prêts à l’emploi. Nous n’avons pas trouvé trace d’agrandisseur ancien et seulement des châssis pour contacts au soleil.

Nous possédons deux grandes chambres au format 18 x 24 cm, et quatre au format 13 x 18 cm ; une chambre au format 11 x 15 cm ; pour le 9 x 12 cm, trois chambres et une Linhof en 6 x 9 cm. Il faut ajouter deux appareils rigides à châssis-magasin permanent, intégré : l’un au format 11 x 15 cm, l’autre 9 x 12 cm. Sont apparus les « foldings » en format 10 x 15 et 6 x 9. Dans le matériel ancien, il faut noter les stéréoscopiques, fort prisés du P. Jaussen : deux sont de la marque Le Glyphoscope, Jules Richard puis un Zionscope au format d’image 4 x 4,4 cm. Notons quatre belles optiques Berthiot, auxquelles il faut en ajouter une A. Bauz, Paris, une Protar Zeiss, une E. Krauss, Paris, une Bellieni, Nancy… Quant aux Leica, nous avons d’abord deux modèles dits « Standard », des années 1926-1930 (n° de boitier 48869, objectif Elmar 1 :3.5, 50 mm ; et boitier n° 56236, objectif Elmar, n° 170164, année 1930 ; un télémètre amovible vertical). Puis, le Leica de la fin des fouilles de Qumrân (manuscrits de la mer Morte) : un modèle M 3, n° 836 076, à trois optiques, Summicron, Summaron, Hektor ; enfin, des accessoires Leitz (cellule, système pour macrophotographie, filtres).