René Elter a été archéologue à l’Institut National de Recherche pour l’Archéologie Préventive pendant 20 ans, puis fut pendant 6 ans à la tête d’une forteresse médiévale en Lorraine (Monument Historique). Il co-dirige en Jordanie une fouille dans le cadre de l’Institut français du Proche-Orient. Depuis 2002, il est chercheur associé à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem pour diriger la restauration et la publication des fouilles du monastère de Saint-Hilarion (Umm el-‘Amr) à Gaza.
Qu’est-ce que Umm el-‘Amr ?
Umm el-‘Amr s’étend sur plusieurs hectares sur la dune côtière à 10 km au sud de Gaza-ville. Un monastère y a été découvert, un des plus grand de Terre Sainte, et le tout premier fondé dans la région en 329 par Hilarion, le Père du monachisme palestinien. Il se compose d’un ensemble ecclésiastique (églises, crypte, chapelle, baptistère, logement des moines) et d’un hospice réservé à l’accueil des voyageurs et pèlerins, avec bains et logement
Histoire de la fouille :
1997-2001 – Fouilles du monastère de Saint-Hilarion par le Service palestinien des Antiquités.
2001- Expertise par l’École biblique des vestiges à la demande du Ministère des Antiquités et du Tourisme de Palestine. L’Ébaf confie l’évaluation et les vérifications archéologiques à R. Elter
2002-2006 – Vérification de la stratigraphie et la chronologie du site. Le projet est soutenu par le Consulat Général de France à Jérusalem.
2010-2015 – Sondages de vérification, mise en place de consolidations d’urgence, formation d‘ouvriers et d’étudiants de l’Université de Gaza. L’ensemble des interventions est soutenu par le Consulat général de France et l’Unesco.
2011 – Umm el-‘Amr apparaît sur la liste du World Monuments Fund des 100 sites les plus menacés dans le monde.
2012 – Inscription sur la liste indicative du patrimoine de la Palestine par l’Unesco
2017-2020 : Programme de conservation et de mise en valeur (British Council/Ébaf) géré par l’ONG « Première Urgence ».
Comment travaille-t-on sur place ?
Travailler à Gaza peut être une folie. Surtout avec la situation géopolitique actuelle et tout ce qu’en disent les médias. Dès le début du projet, l’organisation de nos travaux a nécessité souplesse et adaptation. Sur place, la situation n’a pas émoussé l’envie de nos collègues de Gaza de comprendre et de préserver le monastère. Tout était à faire, à inventer. Pour relever murs et voûte, il a fallu ouvrir une carrière de pierre, fabriquer des outils, monter toute la chaîne opératoire, du débit à la pose. Lorsque l’accès à Gaza nous est interdit, Fadel Al-Otol, le correspondant local de l’Ecole depuis 20 ans, nous permet de suivre les travaux archéologiques et de restauration par la vidéo-conférence. La documentation technique (plans, coupes, débit de pierres) est alors réalisée par Florent Périer (restaurateur, tailleur de pierre) dans les locaux de l’École, et envoyée sur le chantier via Internet. L’entreprise nécessite un lien constant et une maîtrise sans faille de l’équipe d’une trentaine d’ouvriers (dont 7 femmes).
Et après ?
Il faut passer à l’aménagement de passerelles sur le site qui accueille aujourd’hui plusieurs centaines de scolaires par mois. Comprendre pour mieux protéger, tel est le centre de nos préoccupations. Les enfants d’aujourd’hui décideront demain. Ils devront gérer le site sans nous. Une telle responsabilité était l’une des conditions à l’inscription de Umm el-‘Amr sur la liste des candidats au Patrimoine Mondial de l’Unesco.