“L’histoire des Hobbits remonte au premier groupe de frères dominicains venus nous prêter main forte à la bibliothèque, pendant l’été. Ils sont arrivés en 2005, au moment de la grande trilogie des Seigneurs des Anneaux. Alors nous les avons appelés Hobbits, du nom de ce petit peuple qui fournit un grand travail“, explique le fr. Pawel Trzopek, en charge de la bibliothèque.
Aide précieuse
Depuis 2005, deux à quatre “Hobbits” sont venus chaque année, principalement de Pologne, mais aussi d’Irlande, des Pays-Bas, de Hongrie, d’Ukraine, de Guinée-Équatoriale, de Tchéquie, de Slovaquie et du Canada, accomplir pendant six semaines les petites tâches délaissées pendant l’année académique, mais primordiales : vérifier le rangement de l’intégralité des livres et revues, signaler les ouvrages manquants, non référencés ou non catalogués, etc.
Ces jeunes frères n’ont pas encore fait leurs vœux définitifs, ce séjour est donc souvent le premier en Terre Sainte. “Suite à ces séjours, plusieurs se sont engagés dans les études bibliques”, constate le frère Pawel. Il s’agit aussi pour eux de découvrir une autre communauté, et qui plus est le Couvent Saint-Étienne, différent des autres car sous l’immédiate juridiction du Maître de l’Ordre, c’est-à-dire qu’il se caractérise par sa dimension internationale.
Kamil Ksiazek, de Pologne, et Joachim Harazin, de Slovaquie, expliquent avoir été envoyés pour aider dans une communauté comptant des personnes venant de pays différents. “Nous rangeons chaque rayon, agençons les espaces, collons des étiquettes, etc. Et nous avons également commencé à visiter la Terre Sainte : les jours derniers nous sommes partis dans le désert du Neguev et à Bethléem. Venir ici nous permet de découvrir une nouvelle communauté, la Terre Sainte, mais aussi de pratiquer d’autres langues.”
Le témoignage de Gilles Simard, originaire du Québec
“Le régent des études, connaissant mon intérêt, m’a proposé de partir, et comme cela a toujours été un rêve pour moi, j’ai dit oui. Je suis entré au noviciat chez les dominicains en 2016, après trente ans de vie professionnelle comme scientifique et météorologue. J’ai 59 ans ! Venir ici m’apporte des éléments de contexte sans pareil pour mes études. C’est une chose de voir dans les livres, c’en est une autre de voir en réalité ! Lors des fins de semaines, nous partons en expédition, accompagnés des frères Pawel, ou Kevin et Lukasz. Ils sont de très bons guides.
Nous choisissons nos sections de travail : pour ma part, j’ai choisi la section 500, ‘Nouveau Testament’, ce qui m’a permis de mieux le connaître. Actuellement, je m’occupe de celle qui touche à l’archéologie et à la linguistique dans l’Antiquité. J’en profite pour noter certaines références, que je souhaite conseiller à notre propre bibliothèque.
Il est pour moi très riche de rencontrer de nouvelles personnes, l’Ordre compte 5000 personnes, et ces opportunités permettent de découvrir d’autres provinces et d’autres frères. Et de mieux comprendre l’histoire de certains de mes frères canadiens qui furent familiers de ces murs. L’École est pour tout dominicain un endroit mythique, origine en partie de l’exégèse, à l’époque même où elle était si mal perçue mais dont on reconnaît les bienfaits aujourd’hui. C’est extraordinaire de pouvoir voir des photographies des premiers frères dans leur vie extrêmement simple, ici dans ces mêmes lieux. J’ai l’autre jour vu une photographie des quelques frères restés pendant la guerre : ils vivaient exactement ici, dans cet espace de la bibliothèque.”