Témoignage du père Donatien Amegee, du Bénin, converti et passionné par la prière. Il était étudiant à l’École biblique au second semestre.
Né en 1964 à Cotonou au Bénin, j’ai passé la majeure partie de mon existence dans cette ville. C’est là que j’ai rencontré le Christ et commencé ma vie de disciple à sa suite en recevant le baptême et les sacrements dans la paroisse Bon-Pasteur. J’y ai découvert le groupe du renouveau charismatique, dans lequel je me suis engagé jusqu’à mon entrée au séminaire en 1986. Après une année de propédeutique, deux ans de philosophie et quatre ans de théologie, j’ai été ordonné en 1996. J’ai ensuite étudié en Allemagne à l’Université de Trèves puis participé à de nombreuses missions au Bénin, et je suis désormais cette année à Jérusalem.
Dieu m’y a appelé, comme il appela ses disciples à se retirer pour retrouver des forces. Il m’a offert une année sabbatique pour un ressourcement spirituel, intellectuel et pastoral. Depuis ma rencontre avec le Christ et le christianisme, j’ai vécu des choses que j’essaie encore de comprendre. Et l’une de ces choses est la prière. Je la vis comme un enfant, elle m’interpelle et me rassure, lorsque j’entends le Seigneur dire : “si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Cieux” Mt 10, 3.
Devenu prêtre je n’ai pas cessé de vivre la prière telle que je l’ai rencontrée dans l’Église. Et comme pasteur je cherche à entraîner mes frères et sœurs sur ce chemin. Ma pastorale ne s’en éloigne jamais et vient de la prière. Elle cherche à refléter la prière, à attirer à la prière. Lors de mes trois dernières années à la cathédrale de Cotonou, j’ai proposé ces thèmes pastoraux. La prière : “Seigneur apprends-nous à prier !” Lc 11,1 ; La Parole de Dieu : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” 1S 3,9 ; L’Eucharistie: “Seigneur donne-nous toujours ce pain-là !” Jn 6,34.
Pendant cette année sabbatique, je cherche donc à approfondir ce thème pastoral auquel j’ai été rendu sensible en lisant le Pape Jean Paul II qui demande aux évêques et aux prêtres de travailler à faire des communautés chrétiennes d’authentiques écoles de prière. “Oui, chers Frères et Soeurs, nos communautés chrétiennes doivent devenir d’authentiques ‘écoles’ de prière, où la rencontre avec le Christ ne s’exprime pas seulement en demande d’aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusqu’à une vraie ‘folie’ du coeur. Il s’agit donc d’une prière intense, qui toutefois ne détourne pas de l’engagement dans l’histoire : en ouvrant le coeur à l’amour de Dieu, elle l’ouvre aussi à l’amour des frères et rend capable de construire l’histoire selon le dessein de Dieu” (in Novo Millenio ineunte N°33).
Je travaille donc ici sur la prière dans le livre de Daniel. Et si le sujet de mon travail est la prière, le grand moyen en est l’école. J’affectionne ce terme d’ “école”, car il suppose d’accepter de se mettre à l’école d’un autre pour s’instruire et devenir quelqu’un. C’est le haut lieu d’édification de la personnalité d’un être humain. Enfant, on nous chantait qu’on va à l’école pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Me voici à l’École biblique, à Jérusalem pour apprendre à lire la Bible, à écrire la Bible et à compter avec la Bible. L’enfant apprend par imitation, apprendre la prière c’est prier. Aussi tout ce que j’essaie de vivre, je veux le recevoir dans un climat de prière. Et j’ai comme pédagogues les disciples de Saint Dominique, ce saint “qui ne parlait que Dieu”.