Pour mieux comprendre ce qu’ont à révéler certains ossements du site néolithique de Beisamoun (-7000 à -6500 av. J.-C.), Cécile Berton, en mission au CRFJ, utilise ses précieux acides dans un local de l’École biblique. Coup d’œil sur son travail de restauration.
Archéologue, Cécile Berton travaille pour la mission archéologique de Beisamoun, avec l’aide du Centre de Recherche Français de Jérusalem, à Jérusalem-Ouest. Cette préhistorienne de formation examine les ossements trouvés lors des fouilles programmées du site de Beisamoun, occupation néolithique précéramique découverte en Galilée, dans la vallée du Houleh, au nord de la ville de Tibériade. À l’occasion d’un projet de viviers industriels, les archéologues y avaient fait en 1972 la découverte d’outils en pierre, d’une maison rectangulaire à sol enduit, de quelques objets de parure, et d’ossements humains et animaux. Grâce à l’ensemble des structures découvertes, la superficie du site a été estimé à environ 10 hectares de terrain.
Nettoyer, restaurer et remettre en état le matériel osseux humain, voilà la mission de la jeune archéologue française. Plus précisément, son travail est de « retirer la gangue de calcaire des fragments et de les rendre ainsi « étudiables » sans pour autant altérer le matériel » explique Cécile Berton, installée dans un des entrepôts aérés de l’École où ces acides ne risquent pas d’être nocifs à d’éventuelles personnes de passage. Pour sauver ces ossements qu’elle rince très fréquemment, l’archéologue utilise de l’acide acétique très dilué. Un produit qu’il lui serait difficile d’utiliser au CRFJ sans gêner le voisinage. Après ce nettoyage efficace, les os sont rincés avec du bicarbonate, qui stoppe l’effet de l’acide, et de l’eau, puis séchés et consolidés avec du Paraloïd B72 une résine qui protège et renforce la matière.
C’est la quatrième année que Cécile Berton est accueillie à l’École pour profiter de son espace ventilé. Elle passe environ deux mois par an à Jérusalem pour travailler sur ces ossements. Le corpus comprend pour moitié des adultes d’âges variés et pour autre moitié des enfants, parmi lesquels on a déjà identifié quatre prématurés (moins d’un an).
L’objectif de la directrice de recherches qui a missionné Cécile, Fanny Bocquentin (CNRS), est de pouvoir ensuite analyser les différentes substances ayant été en contact avec les ossements ou de comprendre leurs formes particulières. Ainsi, l’anthropologue peut tenter de mieux approcher les cultures de cette époque lointaine par le biais des pratiques funéraires. Ces éléments nous renseignent sur le quotidien de la communauté qui vivait dans ce village néolithique, une période peu documentée de ce côté du Jourdain. Elle s’aide évidemment aussi des enquêtes menées en parallèle à Beisamoun sur les objets et autres trouvailles, pour lesquelles une vingtaine de spécialistes ont été mobilisés. Les résultats de chaque année sont déjà publiés et une monographie est en cours d’élaboration.