“CHANT DES FLEURS / FLEURS DU CHANT” PAR OLIVIER-THOMAS VENARD, OP, ET SOEUR MARIE-REINE FOURNIER

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution de “Chant de fleurs / Fleurs du Chant”, fruit du programme de recherche “La Bible en Ses Traditions” de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Cet ouvrage, réalisé par frère Olivier-Thomas Venard, O.P., et sœur Marie-Reine Fournier, est une œuvre à la fois artistique et théologique. Sa mise en page soignée est l’œuvre de Camille Boisaubert, et il est édité par les éditions Hus et les murmurations à Paris en 2024.

L’ouvrage se compose de deux brochures : “Chant de fleurs” (16 pages) et “Fleurs du Chant” (64 pages), au format de 21 x 14 cm. Seuls 111 exemplaires ont été publiés, un chiffre symbolique correspondant aux 111 plantes mentionnées dans la Bible.

“Chant de fleurs / Fleurs du Chant” propose la première traduction en français moderne de la version latine du Cantique des Cantiques, élaborée par saint Jérôme à partir des textes hébreux et grecs. Cette traduction, réalisée à Bethléem au IVe siècle, a inspiré de nombreux chefs-d’œuvre artistiques au cours de l’histoire.

Le traducteur a cherché à préserver les ambiguïtés et les mystères du texte sacré, en utilisant toute la richesse de la langue française contemporaine. Le Cantique des Cantiques, grand poème d’amour biblique, est ainsi restitué dans toute sa complexité et sa beauté, mêlant intimité et communauté, mysticisme, humanité et divinité.

L’ouvrage met en lumière la richesse botanique du Cantique des Cantiques, où près d’un quart des espèces mentionnées dans la Bible sont évoquées. Ce “chant par excellence” célèbre l’intime alliance entre l’homme et la femme, et entre l’humain et le divin.

Nous vous invitons à découvrir cette œuvre unique, véritable voyage au cœur du jardin des plantes bibliques.

INTERVENTION DU FRÈRE BERNARD NTAMAK AU COLLOQUE BIBLIOTHÈQUES D’ORIENT

Le 20 juin 2024, Frère Bernard Ntamak, bibliothécaire en chef de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, a pris la parole lors du colloque des Journées Bibliothèques d’Orient à Paris. Cet événement a rassemblé des chercheurs et des institutions de conservation venant de France, Syrie, Liban, Irak, Turquie, Égypte, Israël et Palestine.

Fondée en 1890, la bibliothèque de l’Ébaf est l’une des bibliothèques les plus prestigieuses au monde dans les domaines de l’exégèse biblique et de l’archéologie du Proche-Orient. Elle est également reconnue pour ses collections sur les langues, l’histoire et la littérature des peuples du Proche-Orient ancien.

La bibliothèque de l’Ébaf conserve près de 12 300 volumes offrant des études classiques, spécialisées et rares sur la Terre Sainte. Ces collections couvrent divers secteurs de recherche, notamment la topographie, l’archéologie, la géographie, l’histoire, la sociologie, la linguistique, les études littéraires, la recherche biblique, ainsi que les récits de voyages de pèlerins, les inscriptions, les manuscrits, les estampes et l’épigraphie en général.

Frère Bernard Ntamak a souligné l’importance cruciale du travail de numérisation à l’Ébaf. Ce projet vise à protéger et diffuser le patrimoine culturel et intellectuel de la bibliothèque. Grâce au financement de la fondation Mellon, plusieurs volumes précieux ont été numérisés ces deux dernières années pour le compte de Bibliothèques d’Orient.

Quelques études de nos collections sur la Terre Sainte : des livres et des revues :

Album de Terre Sainte (Das Heilige Land) par auteur inconnu, [1898 ?]
Album photo de la Vieille ville de Jérusalem et de la Terre Sainte. Les photos datent probablement de 1898, compte tenu de l’architecture de la basilique de Saint Étienne, mais certaines photos sont plus anciennes (1864).

Atlas de Géographie Générale de la Palestine : historique, politique, économique Par Zadig Khanzadian. Paris : Les Éditions Géographiques Khanzadian, 1932. Paris Atlas de la Palestine par le cartographe arménien Zadig Khanzadian, avec 134 cartes anciennes très rares (numérotées de 1 à 135), pour la plupart en couleurs, et deux pages de titre illustrées. Imprimé sur papier épais de qualité (feuilles séparées, pliées en deux) Ces cartes présentent la géographie historique, politique et économique de la Palestine : les cartes 1-99 présentent sa géographie historique – histoire ancienne, médiévale et moderne ; les cartes 100-127, sa géographie politique sous le mandat britannique – répartition des juifs et populations arabes, peuplement sioniste urbain, éducation, santé, démographie ; les cartes 128-135, sa géographie économique – ressources naturelles, agriculture, pêche, industrie et finance, communication, routes, trains et ports, tourisme et industrie.Cet important atlas a été utilisé par la commission de l’ONU chargée du partage de la Palestine. Au début de l’atlas, se trouve une lettre de l’auteur au Secrétaire général de la Ligue des Nations, Eric Drummond, expliquant les raisons de la fabrication de cet atlas – les sanglantes émeutes palestiniennes de 1929.Les feuillets sont réunis dans un portfolio de cuir, orné d’un relief artistique. Cet ouvrage est d’une valeur inestimable.

Le voyage de la Terre Sainte, contenant une véritable description des lieux plus considérables que N. S. a sanctifié de sa présence, prédications, miracles et souffrances. Par Jean Doubdan. Paris : François Clousier dans la Cour du Palais prés l’Hostel de M. le premier Président, 1657.1 vol. (743 p.); ill. en noir, 23 cm. Ce livre est la description du voyage de Jean Doubdan, Maître de chapelle de la collégiale Sainte Denis près de Paris, en Terre Sainte en l’année 1652. Le livre, contrairement à ses contemporains, ne se concentre pas uniquement sur les descriptions des lieux et des réalités rencontrées au cours du voyage mais s’interroge sur la nature de la littérature de pèlerinage. (Numérisé en 2024).

Geografia, cioè descrittione univesale della terra Cl. Tolomeo / Gio. Ant. Magini / Leonardo Cernoti Venice: Gio. Battista & Giorgio Galignani Fratelli, 1598 2 volumes, in-4 Il s’agit de la première édition de la traduction italienne de Leonardo Cernoti de la Géographie de Claudius Ptolémée basée sur l’édition latine de 1596 de Giovanni Antonio Magini, publiée par Giovanni Battista et Giorgio Galignani en 1597-1598. Les belles cartes gravées sont attribuées à Girolamo Porro et elles ont également été utilisées dans la traduction de Magini de 1596. Il est illustré de plusieurs bois gravés dans le texte, de deux vignettes de titre gravées, une pleine page et 63 cartes gravées à demi-page, dont 27 cartes de Ptolémée et 37 cartes «modernes», dont 4 mondiales, 1 carte d’Amérique, 32 cartes européennes, 6 cartes d’Afrique et 21 cartes d’Asie. Mentionnons les trois premières cartes du monde «modernes», les premières cartes pleines feuilles montrant une configuration classique du monde de la fin du XVIe siècle. Ce qui nous intéresse est une carte de la Palestine assez précise qui indique les noms de différentes contrées aujourd’hui disparues (pages 175-178). “C’est le mérite de l’artiste que tant de détails ont été représentés avec une telle finesse et clarté (…) Cette petite carte Mercator-Porro est un objet de collection intéressant, d’autant plus que la plus grande carte du monde Mercator se fait de plus en plus rare”. La présentation de la Palestine au nord (Syrie, Samarie et Galilée) comme étant la Terre Sainte est unique.

Hébron. Le Haram El-Khalîl Sépulture des Patriarches Par le révérend Père Vincent, dominicain de l’école biblique et archéologique française de Jérusalem, le Capitaine Mackay et avec la collaboration du révérend Père Abel, dominicain de l’Ebaf présentent les tombeaux des Patriaches à Hébron en 1923 aux éditions Ernest Leroux à Paris. Cet ouvrage est un original qui fait autorité en la matière. 2 Vols (Texte et planches). —» Nous pouvons ajouter les 06 volumes de l’ouvrage intitulé : Coutumes Palestiniennes. Naplouse et son district par le révérend père dominicain Jaussen en 1927 publié par La Librairie Orientaliste Paul Geuthner à Paris.

Les collections de l’Ébaf sur la Terre Sainte représentent une richesse inestimable. La numérisation et la restauration de ces collections sont essentielles pour leur protection et leur diffusion. Le projet de numérisation, soutenu par la fondation Mellon, est une initiative primordiale à encourager et à renforcer pour préserver ce patrimoine.

LES JEUDIS DE L’ÉBAF : LES ORIGINES DE LA VILLE EN MÉSOPOTAMIE

Dans le cadre des Conférences du Jeudi, Charlotte Damiano, boursière de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à l’Ébaf, a élargi nos horizons en explorant le vaste domaine de l’archéologie antique. Délaissant temporairement les terrains plus familiers de l’exégèse et de la patristique, Charlotte nous a emmenés dans un voyage à travers le temps, à la recherche des origines de la ville. Au programme : explorer les premières manifestations de civilisation urbaine du 8ème au 3ème millénaire avant notre ère.

Charlotte a mis en lumière l’importance des premières villes mésopotamiennes et des défis méthodologiques de la recherche archéologique. Elle a questionné la nature même de la ville antique et montré que l’évolution vers les grandes métropoles modernes, où vit aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale, a des racines profondément ancrées dans les premières civilisations mésopotamiennes.
Charlotte a également mis en lumière les défis de l’archéologie moderne. Comment, avec des vestiges souvent fragmentaires, peut-on reconstituer les premières manifestations de la vie urbaine ? Cette enquête archéologique exige une approche multidisciplinaire, mêlant histoire, anthropologie et sociologie, pour interpréter les traces laissées par nos ancêtres.

 

Retrouvez l’intégralité de cette conférence sur YouTube

Recevoir les informations pour suivre les prochaines conférence de l’École

 

 

 


 

CÉLÉBRATION DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT DOMINIQUE

Vendredi 24 mai, les frères du Couvent Saint-Étienne et les membres de la communauté académique de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem ont célébré la fête de la translation des reliques de Saint Dominique. La tradition veut que franciscains et dominicains célèbrent ensemble les fêtes de leurs pères fondateurs. Une communion qui démontre les liens forts qui unissent nos deux communautés en Terre sainte comme ailleurs. Frère Alessandro Coniglio, o.f.m., professeur du Studium Biblicum Franciscanum, a présidé la messe, entouré de nombreux prêtres de différentes communautés. Retrouvez ici son homélie. (Retrouvez ici l’original en anglais.)

” Chers frères et sœurs, que le Seigneur vous accorde sa paix !

Dans le passage biblique d’Isaïe que nous avons entendu, il y a l’annonce joyeuse de la bonne nouvelle, c’est-à-dire le salut de Sion, la proclamation que Dieu, le Dieu d’Israël, est roi.
Ce salut n’est pas seulement une bonne nouvelle pour Jérusalem, mais c’est aussi un évangile pour toutes les nations, pour toutes les extrémités de la terre. Le prophète annonce son message de bonheur et de réconfort, comme il a commencé à le faire au chapitre 40 : là, il disait נַחֲמוּ נַחֲמוּ עַמִּי ( » Consolez, consolez mon peuple », Is 40 : 1) et ici il dit כִּֽי-נִחַם יְהוָה עַמּוֹ ( » car le Seigneur a consolé son peuple », Is 52 : 9). Ainsi, ce que celui qui apporte de bonnes nouvelles a dit à son peuple une fois, s’est maintenant accompli. Jérusalem a été rachetée, non seulement en espérance, mais en réalité, parce que le salut (יְשׁוּעָה) est venu à elle. Et pas seulement à elle, mais à tous les peuples de la terre.
Au peuple d’Israël désespéré, peut-être en exil, dans l’exil babylonien (selon la datation traditionnelle du texte du Deutéro-Isaïe), le prophète annonce le retour du Seigneur vers son peuple, le retour du Seigneur à Sion, après de nombreuses années où Dieu avait apparemment abandonné la Ville Sainte, comme une épouse divorcée. C’est le signe que le Dieu d’Israël va devenir le Dieu de toutes les nations, car elles vont connaître יְשׁוּעַת אֱלֹהֵינוּ, « le salut de notre Dieu ». Lorsque tous les peuples verront les merveilles du Seigneur, ils reconnaîtront que lui, le Seigneur, est roi, au-dessus de toute la terre (comme nous l’a dit le Psaume responsorial). C’est pourquoi le psaume nous invite aussi à crier notre joie, à chanter et à bénir le saint nom du Seigneur, à proclamer son salut jour après jour. Là encore, comme en Isaïe, le psalmiste utilise le verbe hébreu בשׂר, réjouir d’une bonne nouvelle, annoncer une bonne nouvelle. בַּשְּׂרוּ מִיּוֹם-לְיוֹם יְשׁוּעָתוֹ, « raconter son salut de jour en jour », proclamer toujours sa victoire, son יְשׁוּעָה !

Le monde attendait cette bonne nouvelle à l’époque, mais il semble qu’aujourd’hui encore il soit en quête de salut. La condition des hommes et des femmes n’a pas changé, malgré le ministère prophétique d’Isaïe, malgré la venue de Jésus de Nazareth.

Certes, saint Paul nous dit aujourd’hui que « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 3-4). Le salut de Dieu nous est parvenu lorsque Dieu a envoyé le seul médiateur entre lui et les hommes, le Christ Jésus, homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous (1 Tm 2,5-6). Le salut a été accompli par Jésus dans sa mort et sa résurrection, mais nous attendons toujours que ce salut, la victoire de Dieu, puisse atteindre toutes les extrémités de la terre.

L’Évangile de Matthieu nous dit que les attentes des prophètes d’autrefois se sont réalisées en Jésus. Il est le roi, c’est à lui que Dieu le Père a donné toute autorité au ciel et sur la terre. Il est venu apporter le salut et la consolation à tous les cœurs humains.
Ce que Jésus a fait pour notre rançon, il l’a fait une fois pour toutes. Mais maintenant, notre devoir est de répandre l’allégresse de la bonne nouvelle afin que tous les peuples de la terre écoutent la bonne nouvelle et soient sauvés par la miséricorde inépuisable de Dieu. C’est le commandement que Jésus a laissé à ses disciples avant de retourner à la droite de son Père : Allez donc… et enseignez…

Nous sommes tous invités à partager cette bonne nouvelle dans le monde entier, car nous savons que le salut du Seigneur est venu à nous en Jésus de Nazareth. Nous savons, nous avons expérimenté que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jean 3,16). Nous sommes témoins que Dieu a donné la vie au monde par la résurrection de son Fils d’entre les morts. Et nous voyons combien le monde a besoin de cette rédemption !

Ici, dans le lieu même où le Verbe de Dieu s’est fait chair pour nous, nous voyons combien de signes de mort nous entourent : la guerre, la violence, l’échec tragique de la communication de chacun avec son voisin… Et si nous élargissons notre regard, notre vue, juste un peu au-delà de la frontière de la Terre Sainte, nous voyons à nouveau des signes de mort et l’apparente défaite du Rédempteur et de son œuvre de rédemption. Les sociétés sont remplies de haine, des guerres opposent des peuples qui vivaient autrefois côte à côte, les frontières sont devenues non pas des signes légitimes d’identité, mais des marques de conflits non résolus. Et chacun des belligérants a son propre récit, et c’est ainsi que se répandent les « fake news » (souvent des deux côtés !), au lieu de la bonne nouvelle du salut.

A l’époque de notre saint père Dominique (c’était aussi l’époque de saint François), la situation n’était pas meilleure qu’aujourd’hui. L’Europe connaissait des guerres internes et la guerre contre l’ennemi extérieur, l’Islam, et un danger très redoutable menaçait la cohésion interne de la chrétienté : l’hérésie des Cathares. La violence et les erreurs, les offenses à la vie et à la vérité, étaient donc le scénario habituel de l’existence à cette époque, comme c’est le cas aujourd’hui, à bien des égards. Face à ces circonstances, Dominique, membre du canonicat de la cathédrale d’Osma, décida de s’engager dans le défi que représentait la situation historico-religieuse. A la suite de son évêque, Diego de Acebo, Dominique, en voyage au Danemark pour une affaire diplomatique, connut la diffusion de l’hérésie dans le sud de la France et l’inefficacité de la réponse « officielle » de l’Eglise.

Dominique a compris que seule une vie cohérente avec l’Évangile pouvait être une réponse aux questions posées par les hérétiques. Comme le messager du prophète Isaïe (Is 52,7), qui annonce la paix, qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce le salut, comme le psalmiste (Ps 96,3), qui raconte jour après jour le salut du Seigneur, déclare sa gloire parmi les nations et ses merveilles parmi tous les peuples, comme Paul (1 Tm 2 : 7), qui a été nommé héraut et apôtre, maître des païens dans la foi et la vérité, Dominique a ressenti comme un message venant directement de Dieu les paroles de l’Evangile : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Muni de l’Évangile de Matthieu et des Lettres de Paul, qui étaient son pain quotidien selon ses biographes, et priant en tout lieu, levant des mains saintes, sans colère ni dispute (1 Tm 2,8), Dominique commença à prêcher la bonne nouvelle non seulement avec sa bouche, mais aussi avec l’exemple de sa vie. Une vie de pénitence et de prière, une vie de méditation continue de la Parole de Dieu, une vie de fraternité et d’amour mutuel, une vie entièrement engagée pour le royaume de Dieu. Il a ainsi atteint l’objectif de ramener de nombreux hérétiques dans le giron de l’Église mère et d’enflammer à nouveau la société chrétienne avec la flamme de son ardeur, de son zèle, de sa ferveur et de sa piété (et de ceux de ses compagnons).

Huit cents ans plus tard, son charisme est toujours vivant et d’actualité. Les Cathares ne sont plus parmi nous, mais de nouveaux types d’hérésies germent tout autour. Et la substance de beaucoup d’entre elles est la même que celle du catharisme : un refus de la vérité, conservée et transmise dans l’Église au cours des siècles, une nouvelle forme de gnose, c’est-à-dire la tentation de trouver le salut non pas dans le Sacrifice de l’Agneau divin, mais dans mes efforts humains et dans une connaissance secrète et ésotérique.

C’est pourquoi la vie et l’œuvre de saint Dominique continuent à nous parler aujourd’hui. Et pas seulement à vous, mes chers Pères Dominicains, mais à tous les chrétiens qui ont à cœur le bien de l’Eglise et des êtres humains.

Que le Dieu tout-puissant nous accorde, par l’intercession de saint Dominique, la grâce de voir les besoins du monde dans lequel nous vivons et de répondre à ses demandes profondes et souvent inexprimées, comme l’a fait Dominique, en poursuivant toujours la vérité, qui n’est pas simplement une doctrine juste, mais une Personne, l’unique médiateur entre Dieu et l’humanité, le Christ Jésus, lui-même humain, le Fils de Dieu, notre Sauveur, Amen.”

fr. Alessandro Coniglio, OFM
 

 


DAVID A.DESILVA : TÉMOIGNAGE D’UN EXPLORATEUR EN TERRE SAINTE

Rencontre avec David A. deSilva, professeur invité à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem pour quelques mois. Retrouvez le témoignage de cet américain qui sillonne la Terre sainte pour préparer ses prochains cours … et un futur livre ! 

Conférence devant les étudiants de l’Ébaf

“Je suis professeur de Nouveau Testament et de grec à l’Ashland Theological Seminary et, parallèlement, organiste et chef de chœur dans trois églises. Je suis passionné par la création de ressources qui aident les chrétiens à entrer dans le monde des Écritures et à écouter ces textes avec le point de vue de leurs destinataires historiques. Cela permet aussi d’enrichir notre propre compréhension de l’appel à devenir disciples et à former des communautés.
Je travaille en ce moment à un livre illustré par toutes les photos que je peux prendre pendant ce séjour à l’Ébaf intitulé Archaeology and the World of Jesus, un outil à la fois pour les séminaristes et pour ceux qui se préparent à conduire des groupes de voyageurs en Israël (et en Jordanie). Il sera publié par Baker Academic.  Bien entendu, tout ce que je fais dans le cadre du projet actuel m’aidera à mieux enseigner un cours destiné aux étudiants en doctorat d’Ashland, intitulé “The Bible on the Ground” (La Bible sur le terrain).

Décider de venir à Jérusalem, en Terre Sainte, alors que la région est en guerre, c’est un choix courageux, audacieux ! Pourquoi avez-vous décidé de vous joindre à nous malgré tout ? 

J’ai cru les récits des personnes sur le terrain selon lesquels la vie à Jérusalem est essentiellement sereine.  Bien sûr, j’ai suivi attentivement les informations chaque jour depuis le 7 octobre, mais je n’ai pas noté d’éléments indiquant qu’il y avait un réel danger à vivre à Jérusalem.  Je ne voulais pas gâcher cette merveilleuse occasion sans raison valable. J’ai cependant décidé de raccourcir mon séjour lorsqu’il est devenu évident que ma femme ne voyait pas les choses de la même façon lorsqu’il s’agissait de se joindre à moi dans cette aventure.  L’alerte de la nuit du 13 avril m’a fait douter un instant de mon évaluation, mais comme trois cents missiles n’ont pas fait un seul mort, j’en ai conclu que Jérusalem était assez sûre pour y rester. 

Vous prépariez votre venue à l’École depuis longtemps, pourquoi cela est-il aussi important pour vous ?  

Citadelle d’Amman – Jordanie

La bibliothèque est extraordinaire, bien sûr, et offre plus que ce que je pourrais jamais utiliser en y restant restais deux ans. Alors en deux mois…  Mais je pense que les frères dominicains et les étudiants qui vivent ici – et le rythme des prières qui nous unit – sont le trésor de cette institution.  Je suis quelqu’un que le “culte traditionnel” a toujours nourri, et l’esprit d’accueil que j’ai rencontré est édifiant.  Mes interactions avec les frères et les étudiants sont inspirantes d’autant plus qu’ils viennent d’endroits et de formations très variés.
Mon objectif principal en venant ici est de rassembler tout ce que je peux des ressources de la bibliothèque sur l’archéologie d’Israël/Palestine en rapport avec mon livre, car je n’ai pas accès à de telles collections en Floride.  Cela vient heureusement compléter la visite des sites que j’ai parcourus en Israël/Palestine et en Jordanie au cours des dix dernières années.  J’ai aussi retenu quelques lieux que je souhaite revisiter ou découvrir pour la première fois à Jérusalem lors de mes promenades quasi quotidiennes depuis l’École ainsi que dans la région de Nazareth et, je l’espère, à Gerizim pour faire de même.
J’essaye aussi d’entrer en contact avec le maximum de confrères dans les différentes institutions de Jérusalem, de Nazareth et de Bethléem et de mettre à profit ces rencontres pour donner quelques conférences.

Wadi Rum – Jordanie



Emeline d’Hautefeuille

L’ESPRIT DE PENTECÔTE ET LA MISSION DES FRÈRES DE L’ÉCOLE BIBLIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE

Célébrée cinquante jours après Pâques, la Pentecôte commémore le don de l’Esprit Saint aux apôtres. C’est l’occasion pour les croyants d’accueillir en eux l’Esprit pour vivre pleinement leur foi, y compris à l’Ebaf.

La devise des dominicains, “Véritas”, résume parfaitement leur mission. Saint Dominique croyait en une vérité qui se découvre à travers une étude rigoureuse, éclairée par la foi et l’expérience humaine. À l’École Biblique, les frères répondent à cet appel à étudier la Bible dans son contexte historique et culturel. Le père Lagrange, pionnier de cette approche, parlait de « l’union du monument et du document ».

Les frères dominicains de l’École vouent donc leur vie à cet idéal et, en ce temps de Pentecôte s’efforcent à voir dans la manifestation de l’Esprit un appel à la mission. Parmi les dons reçus par les croyants figurent le don de science et d’intelligence particulièrement précieux pour les chercheurs ! Ils nous poussent à scruter et interpréter les Écritures avec un esprit clair. Rechercher, tester, découvrir, imaginer sont les maîtres mots de la bibliothèque de l’École, théâtre de grandes découvertes. L’enjeu est ici important : Pour le fr. Bernard, bibliothécaire de l’École, l’Esprit de science reçu doit être tourné vers l’épanouissement de l’homme. “A quoi bon décoder des textes antiques si cela ne sert pas la vocation de prêcheur dominicain ? Les frères puisent cette sagesse dans l’Esprit. Cela nécessite de la force, autre fruit de l’Esprit ! “

Fr Bernard Ntamak, compare la recherche scientifique à une ascèse. Étudier scientifiquement la Bible impose de s’asseoir à son bureau, de se couper du monde et d’endurer de longues heures de travail pour mieux le redécouvrir. Le grand défi es de ne pas faire de la science pour la science mais de la science pour le salut des hommes. Essayer de toujours regarder le monde avec les yeux de Dieu demande une foi et une persévérance que seul l’Esprit permet – et qui ne manque pas à l’École !

 “Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.” (Jean, 14:6)

En cette fête de la Pentecôte puisse l’Esprit de vérité inspirer tous ceux qui cherchent Dieu.


LA COMMUNAUTÉ DE JÉRUSALEM COMMÉMORE LE CENTENAIRE DE LA FONDATION DU STUDIUM BIBLICUM FRANSISCANUM

La communauté franciscaine de Jérusalem s’est réunie lundi 13 mai à l’Auditorium Immacolata du Couvent Saint Sauveur de Jérusalem pour célébrer les cent ans du Studium Biblicum Franciscanum ( vous pouvez retrouver ici la diffusion en direct de l’événement) avec les témoignages et les interventions d’universitaires et d’anciens élèves. Retrouvez l’article de Silvia Giuliano pour la Custodie de Terre sainte (en italien) ainsi que l’intervention d’Olivier Poquillon, o.p., directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (à retrouver ici sur YouTube). 

Crédit photo : Alessandro Cavicchia
Olivier Poquillon, o.p., et Rosario Puerri, o.f.m., Doyen du Studium Biblicum Fransiscanum

La comunità francescana di Gerusalemme si è riunita lunedì 13 maggio presso l’Auditorium Immacolata del Convento San Salvatore a Gerusalemme per festeggiare i cento anni dello Studium Biblicum Franciscanum (qui è possibile trovare la diretta streaming dell’evento curata dal CMC) attraverso la testimonianza e gli interventi di studiosi e di ex-allievi illustri.

«Non ci poteva essere una data più felice per festeggiare questa ricorrenza nel giorno della Madonna di Fatima – ha esordito nel suo messaggio di saluto Fra Rosario Pierri, Decano dello Studium Biblicum Franciscanum –. Ci ritroviamo oggi a completare i festeggiamenti per il centenario della Fondazione dello Studium Biblicum, perché dopo l’incontro con il Papa in Vaticano e dopo il Convegno che si è svolto a Roma presso l’Università Antonianum, era d’obbligo programmare questo incontro anche qui, nella Città Santa, per condividere la gioia della commemorazione con quelli che non erano potuti venire a Roma».

Purtroppo, a causa della calamità metereologica che ha colpito il Brasile negli ultimi giorni, non ha potuto essere fisicamente presente Mons. Jaime Spengler, Presidente della Conferenza Episcopale Brasiliana, ex alunno dello Studium Jerosolimitanum. In un video messaggio – che Fra Pierri ha definito una “toccante testimonianza che viene da un pastore che condivide il dolore e disagi con il gregge che gli è stato affidato” – Mons. Spengler ha voluto ringraziare lo SBF e ricordare come il suo studio presso la Facoltà è stata «un’opportunità che mi ha dato la forza di perseverare nella forma di vita scelta».

Il coraggio delle origini e il coraggio nel futuro dello SBF

Il Custode di Terra Santa, Fra Francesco Patton, ha evidenziato nel suo discorso come la Custodia «ebbe il coraggio di avviare questa opera legata allo studio della parola di Dio e alla ricerca archeologica in un momento davvero difficile». Lo Studium Biblicum «è nato in seno alla Custodia e poi è cresciuto come sviluppo della Custodia. Vorrei ricordare il mandato pontificio della bolla “Gratiam agimus” del 1342 di Clemente VI, dove il papa, nell’affidarci la Custodia dei luoghi santi, chiese tre cose ai frati minori: dimorare nei luoghi Santi, celebrare “messe cantate e divini uffici” nei luoghi Santi e essere una comunità internazionale, esattamente quella che oggi è la realtà di professori e studenti dello Studium Biblicum alla Flagellazione». Il Padre Custode ha sottolineato poi il continuo bisogno di coraggio, «per investire – ha detto – soprattutto nelle persone, perché sono le persone che fanno le istituzioni e non viceversa. E c’è bisogno di coraggio per investire in ciò che permette di essere al passo con i tempi e di guardare al futuro».

Pizzaballa: nei miei anni allo SBF ho imparato ad amare la Scrittura

A seguire, il Card. Pierbattista Pizzaballa ha condiviso «la grazia di aver vissuto i primi dieci anni in Terrasanta allo Studium Biblicum, un periodo di “incubazione” decisivo per la mia storia. Dall’amore emanato da quei professori, la maggior parte della quale ci ha lasciato, ho imparato anche io ad appoggiare il capo su queste pietre e ad amare le Scritture, perché l’amore è sempre contagioso».

«In un periodo in cui le scienze moderne arguivano criticamente sui luoghi santi, e mettevano in discussione l’impianto storico-teologico su cui la chiesa si fondava, – ha continuato il Patriarca –  lo Studium Biblicum poco alla volta, e pazientemente, ha dimostrato scientificamente ciò che Chiesa ha sempre creduto: cioè che i luoghi sui quali la Parola si è fatta carne non erano opera di “devozionismo sofisticato” ma frutto di una tradizione coerente, seria e solida. Con gli strumenti della scienza moderna lo SBF ha legato definitivamente la fede cristiana ad un luogo, ad una terra e a una storia».

Le pubblicazioni dell’SBF

Fra Alessandro Coniglio, professore di Esegesi dello SBF, ha poi offerto ai presenti un excursus delle attività accademiche dello SBF attraverso la descrizione delle pubblicazioni delle diverse collane (Collectio MaiorCollectio MinorAnalecta) che negli anni lo Studium ha curato, sotto i diversi punti di vista storico, esegetico, archeologico. «Si tratta di comprendere – ha enfatizzato Fra Alessandro Coniglio – cosa mosse i  nostri predecessori in questi studi, affinché la loro ispirazione sia accresciuta da noi, e la lunga tradizione di fede e scienza siano un faro di luce che possa illuminarci nel futuro».

“Ritorno a Gerusalemme”

Nella seconda parte della mattinata, il prof. Giuseppe Buffon, Vice Rettore della Pontificia Università Antonianum, ha tenuto una magistrale lezione dal titolo “Ritorno a Gerusalemme”, in cui ha ripercorso la storia della fondazione dello SBF seguendo soprattutto il legame con le istituzioni ecclesiastiche e la sua tessitura internazionale con Roma, evidenziando i risvolti politici e civili di una realtà che – in maniera particolare con l’approfondimento archeologico – ha contribuito a direzionare gli studi esegetici.

Olivier Poquillon, Direttore dell’École Biblique et Archéologique Française e il prof. Augustin Hernandéz Vidales, Rettore Magnifico della Pontificia Università Antonianum hanno infine ricordato l’importanza dell’impegno di questa istituzione nello studio approfondito della Parola di Dio, portato avanti da francescani non solo “diffusori della parola”, ma studiosi attenti e appassionati della Sacra Scrittura.

Al termine del Convegno, Fra Rosario Pierri ha distribuito alle autorità presenti la medaglia commemorativa con il logo del Centenario, creato per l’occasione da Fra Amedeo Ricco, archeologo della Custodia.

Crédit photo : Alessandro Cavicchia

 

Crédit photo : Alessandro Cavicchia

 

 

 

 

 

Silvia Giuliano

IN MEMORIAM MARCEL SIGRIST, OP, ASSYRIOLOGUE ET SUMÉROLOGUE DE L’ÉCOLE

Les frères dominicains et les membres de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem saluent la mémoire du frère Marcel Sigrist, o.p., (1940-2024) ancien directeur et professeur d’assyriologie, décédé le 03 mai à Strasbourg. Ils le confient à votre prière. 

Il semble que les langues hors l’horizon indo-européen façonnèrent le destin du fr. Marcel Sigrist. Le premier appel de ses supérieurs n’était pas l’akkadien ni le sumérien mais le finois, puisqu’il était prévu qu’il rejoigne de la communauté dominicaine d’Helsinki pour établir des relations œcuméniques. Dans cette perspective, des études préparatoires en Écritures sainte le mène en 1969 à l’École biblique de Jérusalem où les responsables (P. Benoit, F. Langlamet, R. Tournay) sont bientôt enclins à le former comme professeur d’Ancien Testament.

Une fois encore sa formation va prendre un tournant : étudiant remarqué à l’Université hébraïque de Jérusalem, le grand assyriologue Hayim Tadmor lui conseille d’aller à l’université de Yale aux États-Unis où il se spécialise en assyriologie et sumérologie. En 1976 paraît sa thèse de doctorat intitulée « Ninurta à Nippur. L’économie du culte pendant la période d’Isin et Larsa ». Marcel Sigrist va rester fidèle à la période d’Ur III (2000–1600 av. J.-C.) avec de très nombreuses publications : Textes économiques néo-sumériens de l’Université de Syracuse (1983), Neo-Sumerian Account Texts in the Horn Archaeological Museum (avec L. T. Geraty, 1984), Ur III-Texte : Verstreute Publikationen aus Zeitschriften (six volumes, 1986), Tablettes du Princeton Theological Seminary : époque d’Ur III (1990, part 2 en 2005), Drehem (1992), Neo-Sumerian Texts form the Royal Ontario Museum. The Administration at Drehem (1995), Neo-Sumerian Archival Texts in the Nies Babylonian Collection (avec U. Kasten, 2001), Ur III Administrative Tablets form the British Museum (avec T. Ozaki, 2006 et 2015) pour ne citer que quelques livres reflétant son activité scientifique dans ce domaine. Tout cela sans parler des études babyloniennes comme Old Babylonian Account Texts in the Horn Archaeololgy Museum, 1990 et 2003 ni les articles scientifiques.

Pendant le temps passé à l’École biblique, le fr. Marcel a donné chaque année le cours d’akkadien et des séminaires abordant des sujets spécialisés sur la Mésopotamie. Devenu professeur émérite, le frère Marcel avait coutume de passer les étés à Yale pour lire, comme premier expert moderne, de nombreux exemplaires des 40.000 inscriptions cunéiformes qui se trouvent dans cette collection unique. Sa capacité à lire à la volée et à interpréter correctement les signes cunéiformes sumériens jouissait d’une réputation mondiale. Pendant quinze ans, il fut aussi bibliothécaire et dirigea ainsi une institution exceptionnelle dans le monde scientifique de la Bible et de ses cultures voisines. En plus de ses fonctions d’enseignement, le fr. Marcel accomplît trois mandats de directeur de l’École biblique (1991, réélu 1994 et de « acting director » 2011–2015).

Au terme de sa vie, nous pouvons exprimer notre gratitude et celle de nombreux chercheurs pour cette existence bien remplie au service de la science et de la transmission du savoir. Une mission de frère dominicain à l’École biblique et archéologique de Jérusalem et bien au-delà.

Messe d’Adieu au fr. Marcel Sigrist – 7 mai 2024 fr. Jean-Michel Poffet op ancien Directeur de l’École Biblique de Jérusalem

 

Fr. Marcel Sigrist à la bibliothèque de l’École

 

Remise officielle de Mélanges d’assyriologie au Fr. Marcel Sigrist o.p. par Fr. Jean-Jacques Pérennès o.p. lors de la célébration du centenaire de la reconnaissance de l’École comme École archéologique française