REPRISE DES VISITES DU SAMEDI À L’ÉBAF

Au matin du samedi 19 octobre 2024, une quarantaine de personnes ont franchi les portes du domaine Saint-Étienne pour une visite plus qu’attendue.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Les premiers visiteurs entrent à l’ÉBAF.

Après plusieurs mois de jachère pour cause de guerre puis de pause estivale, la reprise des Visites du samedi était une nouvelle qu’attendaient impatiemment les habitués de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem ainsi que les nouveaux arrivants dans le pays.

L’impatience était partagée par les frères dominicains et les enseignants mobilisés pour faire découvrir la riche histoire de ce site qui abrite l’École depuis 1890. Des mosaïques byzantines de la basilique du Ve siècle en passant par la lecture de la lapidation du protomartyr Étienne ; de la découverte de la photothèque à celle de la bibliothèque de recherche et ses 460 000 volumes ; de l’atelier d’archéologie au cœur du programme de recherche interdisciplinaire et numérique que constitue la Bible en ses traditions, c’est dans ses trois dimensions, archéologique, religieuse et académique qu’il a été donné aux visiteurs de découvrir ce lieu hors du commun.

Conçues à l’origine par le fr. Marcel SIGRIST, o.p., comme des occasions conviviales de se retrouver en parcourant ensemble les richesses de la Terre Sainte, les visites du samedi sont toujours des occasions de rencontres détendues entre personnes et familles venues de Jérusalem et d’ailleurs pour explorer ses recoins.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Les participants découvrent la Basilique Saint Étienne.

Si vous aussi vous souhaitez participer aux visites du samedi, inscrivez-vous en envoyant un message à l’adresse lesvisitesdusamedi@gmail.com. Vous recevrez ainsi les invitations aux prochaines rencontres dont le programme sera finalisé au cours de l’année 2024-2025 en fonction des évolutions des consignes de sécurité.

Vous pouvez retrouver cette proposition et bien d’autres sur notre site web et sur nos réseaux sociaux.

 

Si vous appréciez l’action de l’ÉBAF, n’hésitez pas à faire un don sur notre plateforme sécurisée (déductions fiscales dans plusieurs pays).


LE DERNIER LIVRE D’ÉTIENNE NODET, OP

« Le Fils de Dieu » : comment les premiers chrétiens ont-ils compris et exprimé l’identité de Jésus ?

C’est à cette question que le frère Etienne NODET, o.p., membre de l’École biblique et archéologique française décédé en février 2024, a consacré les derniers mois de sa vie à Jérusalem.

Confrontant les écrits de saint Jean et de saint Paul avec les manuscrits de Qumrân, c’est à une réflexion renouvelée que nous convie cet ouvrage. Comment penser à nouveaux frais les formules « Messie », « Crucifié », « Serviteur souffrant », « Juste condamné », « Saint », « Fils de Dieu » ? Comment les premiers chrétiens ont-ils donc nommé et identifié Jésus ?

Étienne NODET, o.p., renouvelle cette question cruciale et se livre à une enquête historique qui l’amène à réexaminer la question synoptique et à étudier en profondeur ce qu’implique l’appellation « Fils de Dieu ».

« Oui, le thème du Serviteur souffrant de rang divin, annoncé par Isaïe, présent dans les manuscrits de la mer Morte, est essentiel. Oui, parmi les quatre évangiles, le récit de Jean, sans procès au Sanhédrin, est le plus proche des faits, avec une bonne chronologie. Oui, le titre de Fils de Dieu, a des précédents bibliques depuis David, romains depuis Auguste. Oui, Paul, dont l’influence est perceptible dans la rédaction finale des évangiles, l’a utilisé. Mais en le rattachant à la résurrection. Car, non, les premiers chrétiens n’ont pas cherché à diviniser Jésus. Au contraire, ils ont d’abord voulu affirmer son humanité. »

L’hypothèse défendue ici se veut un extraordinaire renversement de perspective qui restitue le sens primordial de la Passion.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Le frère Étienne dans la basilique Saint Étienne.

 

Dominicain, membre de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, longtemps professeur de littérature intertestamentaire, spécialiste de Flavius Josèphe et de l’historiographie pré-rabbinique, Étienne Nodet († 2024) a publié, entre autres, aux Éditions du Cerf, Les Samaritains et la traduction des Antiquités juives.

« Je lis l’Écriture dans la foi » Fr. Étienne NODET, o.p., 1944-2024.


DEUX ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉBAF CRÉÉS CARDINAUX

Le Pape François va prochainement créer 21 nouveaux cardinaux, dont deux anciens élèves de l’ÉBAF : S.E Mons. Jean-Paul VESCO, o.p., archevêque d’Alger et S.E. Mons. Pablo Virgilio SIONGCO DAVID, évêque de Calookan, dans l’agglomération de Manille, aux Philippines. À l’approche du consistoire du 8 décembre 2024, revenons brièvement sur leur parcours.

Le frère dominicain J-P VESCO s’est illustré à l’ÉBAF lors de l’année académique 2001-2002, qu’il a rejoint après l’obtention de sa licence en droit canonique. En raison de son goût prononcé pour la Bible, il demanda à passer ses deux dernières années de formation à Jérusalem. Il y poursuivit une recherche sur la question de la malédiction divine à l’intérieur du Deutéronome en ayant recours « tant à une approche diachronique qu’à une approche synchronique. »

Photo : Vatican news.
Les frères J-P VESCO et Olivier POQUILLON à l’occasion de la visite du Pape François au Maroc.

 

Mgr. SIONGCO DAVID, après avoir achevé ses études ecclésiastiques, fit, quant à lui, preuve d’une grande maîtrise de nombreuses disciplines. L’Abbé Émile PUECH se souvient encore de son ancien élève d’araméen biblique. Il produisit de remarquables travaux personnels qui lui valurent une mention très bien pour son mémoire sur le Livre de David en grec ancien. Ironie de l’histoire, il reçut les félicitations du directeur de l’ÉBAF qui, à cette époque, n’était autre que Fr. Jean-Luc VESCO, o.p., oncle du futur cardinal d’Alger.

Photo : Vatican News.
Mgr. SIONGCO DAVID, évêque de Calookan.

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LES JEUDIS DE L’ÉBAF : QUI ÉTAIT LE PIRE ROI D’ISRAËL ?

Dans le cadre des conférences du jeudi, Fr. Łukasz POPKO, o.p., professeur en Ancien Testament à l’ÉBAF, nous a présenté le fruit de ses dernières recherches : une réflexion basée sur des extraits bibliques des deux éditions des Livres des Rois, chacun dénonçant à sa manière le ou plutôt les pires monarques de l’antique Israël.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.

En effet, nombreuses sont les variantes dans les jugements rendus sur les différents rois et leurs lignées. S’il existe des hiérarchies de mauvais rois tous accusés d’avoir précipité le royaume hébreu vers sa chute, qui a condamné qui et comment ? Examiner les critères sur lesquels sont fondés les reproches faits aux rois est le propre de cette enquête.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.

 

En parallèle, le livre du Frère Łukasz Interroger Dieu, co-écrit avec Fr. Timothy RADCLIFFE, o.p., nouveau cardinal, ancien maître de l’ordre des prêcheurs et chancelier de l’École de 1992 à 2001, préfacé par le Pape François, est désormais disponible en français aux Éditions du Cerf.

 

Retrouvez l’intégralité de cette conférence sur notre chaîne YouTube

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Rencontre du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères avec le Directeur de l’ÉBAF

Au soir du 7 octobre 2024, le frère Olivier POQUILLON, o.p., Directeur de l’École biblique et archéologique française, a rencontré Jean-Noël BARROT, Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, lors de son passage à Jérusalem.

Une visite particulièrement appréciée à un moment où les communautés vivent des temps difficiles.
À Gaza comme à Jérusalem, la France apporte un soutien continu aux activités de recherche et d’étude de l’ÉBAF depuis des décennies.

Le président MACRON visitant l’ÉBAF en janvier 2020.
Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.

 

À l’occasion de sa visite en janvier 2020, le président de la République française, Emmanuel MACRON, avait rappelé l’importance de cette mission. Dans un contexte marqué par la violence, la recherche académique doit plus que jamais jouer son rôle et, en étudiant le passé, contribuer à préparer l’avenir.

Si vous aussi vous souhaitez soutenir l’ÉBAF, vous pouvez nous aider en faisant un don.


UNE RENTRÉE ACADÉMIQUE PLEINE D’ÉLAN

En ce début d’année, des étudiants et chercheurs viennent de rejoindre Jérusalem pour étudier à l’EBAF.
Venus des quatre coins du monde, leur diversité témoigne de la grande variété de parcours, de cultures, de statuts, d’origines et d’aspirations de ceux qui viennent étudier à l’école.

Pourtant, cette année, pour la deuxième fois consécutive, la rentrée s’effectue en temps de guerre. C’est donc une équipe particulièrement motivée et soudée qui s’est rassemblée au Couvent Saint-Etienne lors cette première phase d’exploration des ressources de l’EBAF et d’élaboration des projets académiques qui caractérise la session de rentrée.

Alors que le monde extérieur est marqué par la violence et l’incertitude, une fois de plus la bibliothèque constitue un refuge sûr et accueillant pour des chercheurs passionnés. Grâce à l’activité inlassable des catalogueurs et bibliothécaires, ils pourront profiter des 5 000 nouveaux ouvrages qui sont venus s’ajouter aux 460 000 volumes déjà présents sur nos rayons.


Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Découverte de la bibliothèque par les nouveaux chercheurs.

Maintenir à flot la logistique d’une grande maison comme l’EBAF n’est pas une mince affaire en période d’instabilité, mais c’est dans un esprit d’équipe renouvelé que frères, sœurs, chercheurs et volontaires se réunissent encore aujourd’hui autour d’un objectif commun.

Lancée sous le patronage de Saint Jérôme, cette semaine de séminaire de rentrée nous a vu passer de l’ombre à la lumière. Des bombardements de la nuit à la sortie topographique du lendemain, ce sont la fraternité, la rigueur, la persévérance et l’enthousiasme qui ont resteront sans doute dans les souvenirs des nouveaux arrivants. À travers l’acquisition de nouvelles disciplines, sciences et techniques, chacun s’efforcera de mener à bien son projet, en dialogue avec les autres membres constituant la communauté académique.

Ainsi, nonobstant les circonstances, nous sommes résolus à poursuivre la mission qui nous est confiée : contempler et transmettre ce qu’on a contemplé. Car comme l’affirme un jeune chercheur le soir de son arrivée en dépit de la situation « C’est une grâce de venir étudier ici ».

Dans cette vaste entreprise, vous avez votre place.
Nous comptons sur votre soutien.


ÉTUDIER AU PAYS DE LA BIBLE : TÉMOIGNAGE DE BRUNO CLIFTON, OP, SPÉCIALISTE DES ÉCRITURES

Article publié à l’origine dans “The Dominicans” (le magazine des frères dominicains de la Province d’Angleterre), été 2024.

Lorsqu’en 1890, le père Marie-Joseph Lagrange, o.p., serviteur de Dieu, a fondé l’École pratique d’études bibliques dans un ancien abattoir de Jérusalem, c’est parce qu’il était convaincu que rien ne pouvait remplacer l’étude de la Bible dans son pays d’origine. En fait, il était tellement pressé de commencer que l’abattoir avait encore les anneaux au plafond ! L’École biblique et archéologique française, ce qu’elle est devenue aujourd’hui, continue de vivre cette vision : des frères dominicains et des chercheurs qui étudient la terre et le texte en usant d’une exégèse détaillée, de l’archéologie et de l’engagement culturel. 

J’ai visité l’École à plusieurs reprises au fil des ans, mais en 2023, j’ai été invité en tant que chercheur par l’École et j’ai passé le second semestre de l’année académique sur place. Cette période prolongée a permis de faire le plein d’expériences, de relier le texte au contexte, et la foi à la vie, dans l’environnement riche de Jérusalem et de sa région. Les habitants de la ville sainte naviguent dans de nombreux contextes et de nombreuses religions, ce qui constitue un cadre unique pour l’étude des textes sacrés. Premièrement, le choc de la vie et des religions. Mon séjour a couvert toute la période du Carême et de la Pâque des chrétiens occidentaux. Le qualificatif « occidental » indique immédiatement la diversité des expériences, même au sein du christianisme, car le christianisme oriental, avec ses nombreux représentants à Jérusalem, célébrait Pâques à un moment différent. Si la célébration des événements du salut dans la ville où ils se sont déroulés est une expérience, la Pâque semble en revanche peu remarquable et peu remarquée pour la majorité des habitants de la ville. Mais en était-il autrement lorsque le Christ a porté sa croix ? Il y a une certaine focalisation sur la revendication chrétienne alors que la plupart des autres conçoivent la contribution de Jérusalem aux événements cosmiques d’une manière complètement différente, voire concurrente. En effet, pendant que nous contemplions la Passion du Seigneur au cours de la Semaine sainte, les Juifs festoyaient pour la Pâque et les Musulmans jeûnaient pour le Ramadan, se rendant à la mosquée Al-Aqsa pour les prières du vendredi. Les différents quartiers de Jérusalem vivent selon des réalités et des systèmes de valeurs bien différents.

Deuxièmement, l’étude de la Bible dans son contexte. Je m’intéresse à l’Israël de l’âge du fer et aux textes bibliques qui le décrivent, comme le livre des Juges. La bibliothèque inégalée de l’EBAF m’a permis de me pencher sur certaines questions concernant ces textes, le monde qu’ils décrivent, et donc leur signification pour les gens qui les ont conservés à travers les âges. Mais la présence de cette école dans le pays signifiait que les sites et les lieux mentionnés dans les textes pouvaient être visités et explorés. La plupart des week-ends, avec quelques autres frères, je me rendais dans la Shephelah, une région située à l’ouest de Jérusalem sur la route de la Méditerranée, à la recherche des sites de l’âge du fer en Israël et en Philistie. La géographie, la topographie et l’archéologie ont permis d’acquérir une expérience des paysages que les lecteurs et les écrivains des Juges et autres ont dû partager. Comme l’a fait remarquer un frère de l’école, la différence avec les études en Israël, c’est qu’un jour je me documente sur un lieu dans un livre ; le lendemain, je peux aller le voir.

La troisième expérience que j’ai retenue est celle de l’immense opportunité offerte par les études en Israël, une opportunité inattendue que je n’avais pas pleinement perçue par avance. La structure de la vie au couvent de Saint-Étienne distille le charisme dominicain de la contemplation. Laudes à 7h30, messe à midi, vêpres à 19h30 – des heures libres pour l’étude, la maturation d’idées, la poursuite de pistes de réflexion dans les rayons de la bibliothèque. Pourtant, non préparé comme je l’étais à cet espace contemplatif, j’en ai été submergé.. Ce n’est que progressivement que les idées ont commencé à se développer et que des pistes d’étude se sont ouvertes. J’ai quitté Jérusalem avec les bases de nombreux projets, mais j’ai laissé derrière moi les expériences, la proximité de la terre et l’espace de réflexion. 

Pourtant, cette pause contemplative enrichit notre activité lorsque nous devons revenir à la normale. L’artiste David Hockney avait pour habitude de ne rien peindre pendant deux mois, puis d’achever une œuvre en quelques semaines. Lorsqu’on lui en faisait la remarque, il répondait : « Eh bien, cela signifie que la peinture a pris deux mois et demi. » Le travail sur les expériences de Jérusalem a nécessité du temps, de l’inactivité, de la contemplation. Elle portera ses fruits en temps voulu. C’est le bénéfice incomparable de l’étude de la Bible dans le pays. Marie-Joseph Lagrange avait raison.

Fr Bruno Clifton, o.p., est vice-régent de Blackfriars, Oxford, et spécialiste des Écritures.

“CHANT DES FLEURS / FLEURS DU CHANT” PAR OLIVIER-THOMAS VENARD, OP, ET SOEUR MARIE-REINE FOURNIER

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution de “Chant de fleurs / Fleurs du Chant”, fruit du programme de recherche “La Bible en Ses Traditions” de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Cet ouvrage, réalisé par frère Olivier-Thomas Venard, O.P., et sœur Marie-Reine Fournier, est une œuvre à la fois artistique et théologique. Sa mise en page soignée est l’œuvre de Camille Boisaubert, et il est édité par les éditions Hus et les murmurations à Paris en 2024.

L’ouvrage se compose de deux brochures : “Chant de fleurs” (16 pages) et “Fleurs du Chant” (64 pages), au format de 21 x 14 cm. Seuls 111 exemplaires ont été publiés, un chiffre symbolique correspondant aux 111 plantes mentionnées dans la Bible.

“Chant de fleurs / Fleurs du Chant” propose la première traduction en français moderne de la version latine du Cantique des Cantiques, élaborée par saint Jérôme à partir des textes hébreux et grecs. Cette traduction, réalisée à Bethléem au IVe siècle, a inspiré de nombreux chefs-d’œuvre artistiques au cours de l’histoire.

Le traducteur a cherché à préserver les ambiguïtés et les mystères du texte sacré, en utilisant toute la richesse de la langue française contemporaine. Le Cantique des Cantiques, grand poème d’amour biblique, est ainsi restitué dans toute sa complexité et sa beauté, mêlant intimité et communauté, mysticisme, humanité et divinité.

L’ouvrage met en lumière la richesse botanique du Cantique des Cantiques, où près d’un quart des espèces mentionnées dans la Bible sont évoquées. Ce “chant par excellence” célèbre l’intime alliance entre l’homme et la femme, et entre l’humain et le divin.

Nous vous invitons à découvrir cette œuvre unique, véritable voyage au cœur du jardin des plantes bibliques.