Chaque année, c’est une des sorties les plus prisées et les plus attendues du programme des Visites du Samedi ! Hébron !
Hébron, la ville des Patriarches. La plus grande ville de Cisjordanie, poumon économique, et pourtant empêtré dans un conflit et une situation si dramatiques. Depuis 2017, la vieille ville est déclarée « zone protégée » du patrimoine mondial, en tant que site « d’une valeur universelle exceptionnelle en danger »
Aux côtés de Chantal et Anwar, hébronite, la cinquantaine de visiteurs découvre les abords de la vieille ville, et notamment les accès militarisés qui mènent au tombeau des Patriarches lieu qui cristallise les tensions. Les cénotaphes de Sarah, d’Abraham, d’Isaac, de Léah et de Jacob, sont élevés ici, au cœur de la mosquée de la vieille ville. Un mur, sépare la mosquée de la synagogue, ce lieu étant profondément sacré, autant pour les juifs que pour les musulmans. Chacun se dispute sa part.
Chantal, originaire de Saint-Malo, a un destin lié à cette ville si particulière. D’une nature curieuse, téméraire et pleine d’entrain, elle a fait de cette ville sa ville, les commerçants la reconnaissent de loin « tiens, voilà Chantal » entend t’on dans le souk ! Son mari Anwar, ancien ministre de la Culture de Palestine est lui aussi connu comme le loup blanc dans les ruelles de la vieille ville ! Rencontrés à Paris dans le cadre de leurs activités professionnelles, les époux Abu Eisheh reviendront s’installer à Hébron avec leurs jeunes enfants après les accords d’Oslo.
© Marie-Anne Crochemore.
Une décision qui a chamboulé la vie de Chantal, comme nous pouvons l’imaginer : « En vivant ici, on subit le conflit quotidiennement, dans la mesure où les mauvaises nouvelles se succèdent, où la population est souvent humiliée. Actuellement, c’est le manque de perspective qui s’ajoute à ce constat navrant. On se demande combien de temps cette situation va encore durer, combien de jeunes perdent espoir, quel est l’élément positif ou quelle pression va débloquer la situation. Les Palestiniens pratiquent la résilience et moi je me focalise sur les aspects positifs de notre action. »
En effet, en 1997, Chantal et Anwar décident de créer l’association d’Échanges Culturel Hébron-France, une association non gouvernementale qui vient en aide aux habitants de la vieille ville par différents biais. « Par son programme d’aide psycho-social envers des femmes et des enfants de la vielle ville et par des activités ludiques pour ces derniers. Nous organisons aussi des visites de la vielle ville et des environs, ce qui permet aux voyageurs de mieux comprendre la situation de ces personnes. Enfin nous essayons de faire voyager notre public par des rencontres et des activités culturelles. »
Une bouffée d’air pour ceux qui ont la chance d’y participer !
Hébron est également connue pour la qualité et l’authenticité de son artisanat palestinien, pour la plus grande joie de notre petit groupe de visiteurs du Samedi. L’occasion de découvrir l’usine de verre soufflé et ses techniques ancestrales, ainsi que la dernière usine de keffieh de toute la Palestine. C’est comme si, d’une certaine manière, l’artisanat palestinien devenait, en plus d’être une force économique, un levier de résistance politique.
Découvrir Hébron est une des expériences les plus marquantes de la vie ici en Israël-Palestine. En quittant cette ville, on peut se sentir très démuni, lourd et marqué par l’incapacité des hommes à résoudre ce conflit si dramatique. Mais Chantal veille et nous redonne de l’espoir : « Il ne faut surtout pas baisser les bras, et puiser sa force dans la chaleur des habitants d’ici, dans leur hospitalité, leur sens de la fête, envers et contre tout » !
