L’École Biblique a la tristesse d’annoncer le décès d’un de ses proches collaborateurs, l’archéologue
Alain Chambon s’est formé à l’histoire de l’art à l’École du Louvre. Sa carrière d’archéologue, entièrement consacrée au Proche et au Moyen-Orient, est singulière puisqu’il n’y a jamais été titulaire d’une fonction ou d’un contrat durable, n’hésitant jamais à s’expatrier pour de longues fouilles ou de très longues études des résultats des fouilles, moyennant quelques compensations et prises en charge. Sa collaboration était très demandée, car il était reconnu comme un spécialiste précieux.
Il a commencé sa carrière, envoyé en 1970 par André Parrot, alors directeur des antiquités orientales du Louvre, comme boursier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à l’École Biblique et Archéologique Fançaise de Jérusalem. Il a été le dernier étudiant de R. de Vaux en archéologie. Sa mission était de coopérer avec lui à la publication des niveaux de l’Âge du Fer de Tell el-Far’ah. Il en a rapidement sorti un beau volume.
Doté d’un coup d’œil et d’un coup de crayon remarquables, il a travaillé comme dessinateur sur les fouilles de Suse, dans l’ouest de l’Iran, en 1976 – 1977. Tout en restant un dessinateur hors pair, il put vite passer à des responsabilités dans les fouilles proprement dites, dans les publications, et dans l’organisation d’expositions, où son sens pratique et artistique faisait merveille, quelle que fut la période historique concernée, entre l’âge du Fer de la première moitié du Ier millénaire av. J.-C. et l’époque médiévale.
Il est ensuite resté toute sa vie un collaborateur de premier plan de la plupart des fouilles de cette École en Palestine, en Israël et à Jérusalem même, travaillant de concert avec son ami Jean-Baptiste Humbert : Tell Keisan sur la côte en Galilée, Notre-Dame de Jérusalem, puis à Gaza de 1995 à 2005. Toujours avec l’École biblique, il travailla beaucoup aussi à l’est du Jourdain, en Jordanie : sur les vestiges archéologiques
d’Amman, la capitale, ou encore sur le palais islamique de Fedeyn en bordure du désert. Enfin il a, depuis 1988 et jusqu’à aujourd’hui, collaboré efficacement à la publication de l’archéologie du prestigieux site de Qumrân.
Mais c’est en Jordanie avec l’institut français du Proche-Orient et l’université
jordanienne du Yarmouk qu’il donna la pleine mesure de son talent en mettant au jour, dans le sud du pays, non loin de Pétra, au prix de dix longues campagnes de fouilles, jusqu’en 2007, l’intégralité du temple de Dharih, un joyau d’architecture et de sculptures du IIè siècle après J.-C., qui s’était entièrement effondré sur lui-même et avait été recouvert par des mètres d’épaisseur de constructions d’autres époques. Il travaillait encore à son étude au moment de son décès subit.
En la personne d’Alain Chambon, les archéologues du Proche-Orient perdent une de leurs figures les plus douées, les plus étonnantes et les plus attachantes.