Voici maintenant plus d’un an que la restauration de l’édicule du Saint-Sépulcre a été achevée. Le Fr. Zacheusz Drazek, président des Franciscains du Saint-Sépulcre, revient sur cette importante rénovation.
Combien de temps a duré la restauration de l’Édicule du Saint-Sépulcre ?
Elle a commencé en mai 2016 et s’est terminée en mars 2017. Ce délai devait être respecté : célébrer Pâques sans Édicule était impensable. En 2015, cette décision était déjà en cours de discussion, l’Édicule ayant été considérablement affaibli depuis le séisme de 1927. Des barres de métal avaient été installées pour soutenir les murs. Mais nous avions remarqué qu’avec le temps la façade s’effondrait, ce qui devenait dangereux pour les pèlerins qui marchaient sous les pierres de marbre à l’entrée. Ainsi, les murs ont été remplis et renforcés, en particulier les pierres qui ont été laissées creuses puisque les barres de métal n’étaient plus là. Les pierres ont été travaillées à l’étage, dans la galerie. C’était un travail d’ingénierie très détaillé : tout était refait sans toucher à la structure d’origine. L’apparence n’a guère changé. La grande découverte était celle de l’ancien marbre gris, estimé de l’époque de Constantin ou des Croisades. Juste en dessous, divisée en deux dans la longueur, nous avons trouvé la pierre tombale du Christ.
Nous avions perdu la trace de la tombe jusque-là ?
De nombreux témoignages de l’Antiquité attestent de la présence de la pierre d’origine, mais nous ne l’avions jamais vue. La tombe n’avait pas été ouverte une seule fois au cours des 500 dernières années ! En 1810, un incendie a causé beaucoup de dommages attaquant l’Édicule construit par les Franciscains en 1555, dernière fois que la tombe a été ouverte. Les Grecs ont alors construit l’actuel, sans toucher au tombeau. Après, plus rien n’a été touché.
Comment s’est passée votre coopération avec les autres communautés de propriétaires ?
Les communautés impliquées étaient les Grecs, les Latins et les Arméniens. La première difficulté était de parvenir à un accord : qui devait décider ? Qui devait ensuite effectuer les rénovations ? Cela fut décidé rapidement : même si l’endroit était une propriété partagée, la structure de l’Édicule et ses inscriptions sont grecques, donc les travaux de rénovation ont été confiés à une équipe d’ingénieurs de l’Université d’Athènes, sous la direction du professeur Antonia Moropoulou. Cependant chaque semaine, les dirigeants des communautés se réunissaient, même si les Grecs avaient le dernier mot. Les ingénieurs arméniens et latins étaient encore en mesure d’influencer les décisions prises par les Grecs, ce qui était le plus important pour nous.
L’Édicule est-il resté accessible aux pèlerins ?
Oui, il est toujours resté ouvert. Les travaux de rénovation ont été réalisés la nuit ou dans les galeries. Les pèlerins pouvaient encore entrer. Cependant, il a été fermé une fois pendant 60 heures, ce qui était historique, lorsque le marbre a été ouvert pour découvrir la pierre d’origine sur laquelle le corps de Jésus fut couché. C’était les 26, 27 et 28 octobre 2016. Je me souviens très bien. Nous avons pris des tours toutes les deux heures. Ce fut un moment de grande grâce. C’était amusant de voir que tous les instruments électroniques utilisés pour les rénovations ont cessé de fonctionner à ce moment-là. Et ont repris ensuite !
Qu’est-ce que ces rénovations ont changé dans l’histoire du Saint Sépulcre et dans vos vies ?
Je suis maintenant sûr que c’est le lieu de la Résurrection. Avant de voir ça, je n’étais pas sûr à 100% que c’était l’endroit. L’un des plus grands changements a également été l’ouverture, dans l’Édicule, d’une fenêtre qui permet de voir le rocher d’origine. L’ouverture de la tombe fut un moment émouvant pour tous, ce fut une surprise : Antonia Moropoulou ne pensait pas que la pierre tombale serait si proche de la dalle. Nous avions déplacé la dalle actuelle afin de renforcer les fondations de l’Édicule, et non à la recherche de vestiges archéologiques.