La fin de l’année académique de l’École biblique a été couronnée par le voyage archéologique en Jordanie, du 14 au 19 mai, semaine intense sous la direction du fr. Dominique-Marie Cabaret, o.p. Les étudiants ont été accompagnés d’un guide bédouin qui compléta les informations sur l’histoire du pays en transmettant la culture des différentes tribus bédouines bien présentes encore sur la terre jordanienne. Arrivés à Aqaba au sud, ils ont remonté le pays jusqu’à Oum Quais, lieu de l’antique ville de Gadara au nord.
Les premières impressions furent saisissantes, face aux paysages grandioses du Wadi Ram, où le groupe s’est trouvé conduit par des bédouins dans des 4×4 à travers l’immensité de ce désert qui fascina Lawrence d’Arabie, et à juste titre. Mais ce n’était qu’un avant goût des merveilles que leur réservait Petra, joyau et fierté du pays. Cette ville de grès qui connut son âge d’or à l’époque nabatéenne grâce à un commerce florissant d’épices et d’encens qui firent sa fortune, se trouve dotée d’immenses tombeaux dont les façades sont creusées dans la roche même. La ville s’est ainsi intégrée au paysage pour sublimer la nature, et l’émotion redouble lorsque l’on sait que, tombée dans l’oubli pour le monde occidental, elle fut redécouverte seulement au début du 19ème siècle par un archéologue suisse.
Les fouilles ont donc été en partie prises en charge par les frères de l’École biblique, dont le père Lagrange : c’est sur leurs traces, avec le fruit de leurs découvertes, que les étudiants ont arpenté ces lieux, traversés par les âges, où des constructions romaines et byzantines se succèdent et reflètent la richesse de son histoire, à l’image du pays entier.
La Jordanie fut aussi marquée par la présence des Croisés, et le Krak de Montréal, ou château de Shoback, qu’ils visitèrent ensuite, en est un vestige émouvant. Ils se sont aussi arrêtés au site d’Umm ar-Rasas. Cette ville byzantine est étonnante par la concentration de ses églises dont les mosaïques sont admirablement bien conservées.
Terre citée mainte fois dans la Bible, la proximité avec la Terre Sainte y est tangible. Les étudiants ont pu visiter Machéronte où Jean-Baptiste fut exécuté, puis le Mont Nébo, lieu de la mort de Moïse, d’où l’on domine la terre tant attendue par le peuple élu, la mer Morte, Jericho et Jérusalem.
À Madaba, ville qui se spécialisa dans les mosaïques, le regard de l’esthète se confond avec celui de l’archéologue face à l’impressionnante carte de Madaba, mosaïque du VIe siècle. Sauvée de justesse par les dominicains, trésor de l’archéologie, elle permit à de nombreux chercheurs de confirmer ou de compléter leur thèse par les précieuses informations qu’elle délivre.
Enfin le voyage arrive à son terme avec la visite de Gérash, conquise par Alexandre Jannée puis par les Romains. La conservation de ses ruines impressionne et la ville mérite son surnom de Pompéi jordanienne. Avant de passer la frontière, le groupe a profité des richesses archéologiques que délivrent sur sa colline la citadelle d’Amman, ainsi qu’Iraq el-Amir et Oum Quais.
Voyage d’une richesse impressionnante par les lieux archéologiques visités, les vestiges des âges et la beauté de cette terre, l’héritage tangible des fouilles de l’École biblique, mais aussi par la rencontre de chrétiens de Jordanie au sanctuaire Notre-Dame-de-la-Paix où nous avons été logés, qui nous a livré un aspect de la complexité de la population jordanienne à l’heure actuelle.