Thomas Römer, spécialiste de la littérature de l’Ancien Testament et professeur au prestigieux Collège de France, a présidé ce 25 avril la deuxième Lagrange Lecture de cette année. Le sujet était “Traditions bibliques sur l’Arche de l’Alliance”, thème des cours donnés en 2017-2018 à Paris. Avec une attention particulière portée aux diverses énigmes diachroniques posées par les rapports bibliques souvent confus et incomplets, Römer a proposé les contours provisoires d’une histoire révisionniste de cet objet culte fascinant. De ses origines mystérieuses dans Shiloh à son séjour temporaire à Kiriath Yearim – pour une période beaucoup plus longue que le récit biblique ne l’admettrait – l’Arche appartient à une image décentralisée du culte israélite selon Römer. Dans ce sens, Römer a évoqué la possibilité suivante, le coffre aurait pu contenir à l’origine des pierres de culte jumelées, peut-être de YHWH et d’Asherah. Il suggère que l’ultime transfert cérémoniel de l’Arche à Jérusalem serait daté du temps de Josias et de la politique de centralisation tandis que le récit de ses migrations à travers les villes philistines pourrait refléter les tensions politiques antérieures d’Ézéchias.
La présentation du professeur Römer était claire et riche, évitant régulièrement les positions des anciens chercheurs. Le rapport de sa participation à la première saison de fouilles sous Israël Finkelstein à Kiriath Yearim fut particulièrement intéressant, mais peu concluant. Une forte présence de l’âge de fer sur le site a été confirmée, y compris une impressionnante empreinte de rosette et un ostraca encore non déchiffré. Bien qu’il semble raisonnable d’imaginer que toute la structure de sanctuaire ait été au sommet artificiellement aplati de la haute colline, sous l’actuelle église byzantine reconstruite, un mur au complexe important fut découvert plus bas sur le site et daté par OSL de 900-700 avant JC. Römer suggère ainsi Jéroboam II comme un candidat plausible d’un projet de construction à Kirath Yearim, se demandant si l’endroit servait de sorte de sanctuaire frontalier entre Juda et Benjamin. En conclusion, dans la période de questions et réponses, Römer a souligné l’importance de retrouver une interaction étroite entre les archéologues et les exégètes, en insistant fortement sur l’importance des questions et de la méthodologie diachroniques.