La précieuse aide d’un dessinateur en archéologie

Il y a trente-deux ans, Jean Humbert suivait son oncle archéologue, Fr. Jean-Baptiste Humbert op, pour un volontariat à l’École biblique. Il ne pensait sans doute pas que cette première aventure dans l’archéologie deviendrait l’armature de sa vie professionnelle !

Comme chaque année depuis désormais trois ans, Jean Humbert revient à l’École biblique prêter main forte à l’équipe d’archéologie. Son talent de dessinateur est un atout précieux, offrant d’approfondir la connaissance des travaux en cours. « Je suis venu il y a trente-deux ans pour dessiner, mais j’ai d’abord commencé par faire du terrain pour apprendre en archéologie ».

Céramique

Un métier singulier et précieux 

Jean a appris ici, à l’École, les fondements d’archéologie qui lui permettent d’exercer son métier. « Je dessine, je travaille sur l’architecture, des relevés de structures sur les chantiers de fouilles, autant que sur du dessin d’objets : de la céramique et des grandes amphores aux objets plus petits comme des assiettes, des figurines, toutes sortes d’objets. Beaucoup d’objets métalliques aussi, des ustensiles domestiques ou bien de l’armement. »

Son talent de dessinateur lui permit de développer un profil original. « Des gens qui ont le même parcours que le mien, je n’en connais pas d’autres. Le métier de dessinateur en archéologie est un métier qui n’existe pas en soit ! Il n’y a pas de formation, j’ai appris tout seul ». Jean travaille aujourd’hui dans différentes missions sur tout le Moyen-Orient, autant qu’à Chypre où il vit, notamment à l’École, mais également dans des missions liées au CNRS, à l’IFPO ainsi qu’à différentes universités françaises, anglaises ou suisses.

L’utilité du dessin au cœur des fouilles ?

Élévation du mur d’une citerne à Nicosie

Ces dessins servent de bases de documentation graphique pour les archéologues qui peuvent ainsi non seulement regrouper les informations remarquées, mais également approfondir la connaissance des objets ou des lieux grâce à la précision de la reproduction graphique. Avant d’être un document de publication, le dessin est un document de travail, d’étude, qui aide à approfondir la réflexion.

«  Souvent les gens me demandent ‘Mais pourquoi faire des dessins alors qu’on peut faire des photos ?’. Sur un dessin, on peut toujours apporter des informations, qu’on ne voit pas sur les photos. Si les informations peuvent se recouper, elles sont souvent complémentaires. Actuellement se développe beaucoup en archéologie le traitement multimédia des données archéologiques, avec notamment la restitution en 3D grâce à la photogrammétrie.

Relevé original, au crayon, pierre à pierre : une chapelle à Nicosie

Les résultats, je le reconnais sont assez stupéfiants, et apportent une aide précieuse, mais les informations fournies ne peuvent pas remplacer complètement le dessin. Par exemple, quand sur le terrain je veux relever un mur, je vais faire le dessin de chaque pierre, une par une, je peux les toucher et je les observe, telles qu’elles sont. Je peux aussi intervenir, faire un petit nettoyage supplémentaire pour m’assurer du lien avec un autre mur ou une autre structure. C’est important dans une architecture de comprendre la construction, de voir si d’autres bâtiments sont construits de la même façon. Il en est de même pour un objet : un dessin donne ses dimensions exactes, on peut construire plusieurs vues, montrer la manière dont il a été fabriqué.

Tout cela implique un travail d’observation, sur le terrain, de mes propres yeux, que je ne pourrais pas faire sur ordinateur, même sur une restitution photogrammétrique en 3D. Je pense que sur l’ordinateur on a davantage tendance à avoir un aperçu général que dans le détail. »

Un « travail d’équipe »

Le dessin est donc particulièrement utile à l’archéologue qui peut alors mieux comprendre l’objet. « C’est le but » explique Jean tout simplement. Certaines choses apparaissent plus clairement sur le dessin que sur l’objet. « Regardant chaque pierre, je tombe très souvent sur un détail, une corrélation entre un mur et un autre mur, ou un sol, quelque chose que les archéologues n’ont pas vu, eux qui travaillent toute la journée dans la poussière, avec les ouvriers, etc. Souvent je note sur mon dessin les choses que je remarque, sans me poser la question de savoir si l’archéologue l’a vu ou non, et souvent celui-ci m’appelle et me dit ‘C’est quoi ça ?’. C’est un travail d’équipe. »

Un cadre propice : l’École biblique

Tous ces moments passés à l’École témoignent d’eux-mêmes de l’attachement de Jean à l’École. « C’est un endroit propice pour travailler, toutes les conditions sont réunies pour faire du bon travail. Et puis ce sont des sujets et des dossiers intéressants. » Le cadre répond en effet à l’appétence de Jean qui avoue son faible pour la diversité des thèmes d’études, la découverte de nouvelles personnalités au sein des équipes de mission, et les époques hellénistique, romaine et byzantine du fait de leurs richesses florissantes. « C’est un métier passionnant » conclut-il.

Pointe de lance en bronze

Passoire en bronze

Épingle vestimentaire en bronze