Le 20 mars 2017, le fr. Jean Jacques Pérennès, op, directeur de l’École biblique de Jérusalem, a reçu le prix Cassià Just qui lui a été attribué par la Généralité de Catalogne pour son engagement dans le dialogue des cultures et des religions.
Attribué chaque année depuis 2010, le prix Cassià Just porte le nom d’un ancien abbé de l’abbaye de Montserrat, qui a marqué la Catalogne par son courage pendant les années noires du franquisme et son engagement pour les droits humains et la défense des libertés. L’intention des autorités catalanes à travers ce prix est de « souligner l’engagement de personnes ou d’institutions qui ont fait un apport significatif à la construction d’un espace commun de connivence entre cultures et religions ». La candidature du fr. Jean Jacques Pérennès pour ce prix avait été présentée par le prieur du couvent dominicain de Barcelone, le fr. Xabier Gomez, op, très actif dans la vie culturelle locale.
Un prix fondé sur la valorisation du dialogue
La remise du prix a eu lieu au Palau de la Generalitat de Barcelone en présence d’une nombreuse assistance composée des différentes composantes religieuses et culturelles locales. Dans son introduction, la ministre de Gouvernance de Catalogne Meritxell Borràs a souligné l’urgence de valoriser les initiatives de rencontre et de dialogue des cultures dans une Europe qui tend à se replier face aux flux migratoires et à la montée des identités particulières. Après avoir reçu le prix, le fr. Jean Jacques Pérennès a évoqué ses 30 ans de vie en monde musulman et indiqué sa joie d’avoir pu vivre sa vocation « comme un hôte chez l’autre, ce qui vous met à l’abri de l’arrogance ». Il a aussi dit sa chance d’avoir pu vivre de grandes amitiés qui ont permis d’aller au-delà des drames traversés ensemble en Algérie, en Irak, en Egypte. Dans son allocution il a souligné l’ancienneté de l’engagement de l’Ordre dominicain dans la rencontre des cultures, en évoquant les écoles de langues créées en Espagne et en Tunisie dès le Moyen-âge pour permettre aux frères qui partaient en mission de mieux connaître la culture de l’autre en maîtrisant les langues, en particulier l’arabe et l’hébreu. Ramon Marti (1230-1284), religieux dominicain catalan, s’y est particulièrement illustré, suivi par de nombreux religieux comme l’italien Riccoldo da Monte di Croce (1243-1320) et la Société des Frères pérégrinants, histoire sur laquelle il vient lui-même de publier un ouvrage (L’Orient des prêcheurs, Mémoire dominicaine, n° 33). Ces pionniers ont implanté l’Ordre dominicain dans tout l’Orient, de la Palestine au Pakistan, en passant par l’Arménie, l’Iran, l’Irak et l’Egypte. Partout s’est posée la question de la rencontre des cultures, vécue avec plus ou moins d’harmonie selon les époques.
La remise du prix a été suivie le lendemain par une table-ronde réunissant une trentaine de personnalités locales de Catalogne (archevêque, présidents d’associations musulmanes, juives, représentants de la société civile, etc.), occasion d’un échange très franc et cordial sur les défis de la convivence dans l’Europe d’aujourd’hui. Jean Jacques Pérennès a été reçu par l’abbé de Montserrat, abbaye dont on sait les travaux éminents dans le domaine biblique.
Le fr. Jean Jacques Pérennès a souhaité associer à ce prix les dominicains de l’Institut dominicain d’études orientales du Caire, estimant que c’est là le lieu où son action a pu dépasser sa personne et prendre une dimension institutionnelle dont on voit aujourd’hui quelques fruits, ne serait-ce que dans la prochaine visite du pape François à l’Université d’al-Azhar, rencontre pour laquelle l’IDEO travaille depuis des années.